Accueil » Inauguration

Inauguration

  

Samedi 13 février 2016

Discours de Michel André, maire des Déserts pour
l’inauguration de la Bibliothèque "Adrienne Monnier"


Le livre, cette chose vieillotte et qui pourtant fait de
la résistance. Il reste lui-même, même quand il se
décline en e-book. On l'emprunte, on se le passe. On
se l'arrache tellement il est populaire. On le protège
on le vénère. Il nous enrichit, nous surprend, bref on
l'aime. Il nous fait rêver. On a besoin de lui. Il
partage parfois notre lit et bien des moments intimes.
Il est notre compagnon. Il nous dit tout, même si
parfois cela nous choque. Il est très social. Ce livre
est le lien nécessaire entre nous. Il représente
solidarité, transmission, mixité, information, réflexion,
discussion : Bref tout ce que nous devons défendre
et développer. Il est l'expression même de l'Homme
et félicitons-le pour ces valeurs d'ouverture, de
tolérance qu'il défend.
Nous lui avons fait une maison, où toutes et tous
vous venez. Cette maison, lieu de mixité et
d'ouverture, lieu de rencontre et de discussion,
maintenant porte le nom d'une femme : Adrienne
Monnier 1892-1955, témoin et actrice de la vie
littéraire parisienne de la première partie du
vingtième siècle.
C'était une nonne de la Littérature. J'ai l'impression
que tout son esprit, son caractère réservé s'est fondé
dans les livres. Encore le livre celui qui est capable
de nous modeler de nous faire :

- Jules Romain (Lecture de Hugo)
“Je vis devant moi une jeune fille au visage arrondi et
rose, aux yeux bleus, aux cheveux blonds, dont il
apparaissait presque aussitôt qu’elle venait d’entrer
au service de la Littérature, comme d’autres décident
d’entrer en religion. Même son costume avait déjà
quelques traits de cette austérité gracieuse, de cette
élégance monacale, qu’elle devait cultiver ensuite et
qui s’adaptait si bien au corps que la nature lui avait
donné.
Déjà sa voix était autoritaire et charmante; très
surveillée, très limpide, pleine à la fois de musique et
certitudes.”

La nature en a fait ce joli petit bout de femme
“La Maison des Amis des Livres”, qu'elle crée à 23
ans, un lieu résolument moderne entre bibliothèque
et librairie. Toute l'avant-garde littéraire s'y réunit.
Elle publiera 26 ouvrages et animera 2 revues
littéraires “Le Navire d'Argent” et “La Gazette des
Amis des livres”. Un établissement original : elle
décide de faire des salons de lecture et surtout de
prêter les livres. Elle innove et invente la bibliothèque
populaire, bibliothèque de prêt. Certes les
bibliothèques sont très très anciennes (X siècle) mais
les bibliothèques telles que les bibliothèques
municipales sont assez récentes. Leur développement
dans les territoires datent de la deuxième partie du
vingtième siècle (essor en 1980).


- Jacques Prévert (Intervention de Nicole)
“ Une boutique, un petit magasin, une baraque
foraine, un temple, un igloo, les coulisses d’un
théâtre, un musée de cire et de rêves, un salon de
lecture et parfois une librairie toute simple avec des
livres à vendre ou à louer et à rendre et des clients,
les amis des livres, venus pour les feuilleter, les
acheter, les emporter. Et les lire.”

Lieu de rencontres des écrivains modernes
Apollinaire, Louis Aragon, Claudel, Gallimard, Jules
Romain, et plein d'autres plus ou moins connus. La
librairie évolue en bibliothèque ( 580 abonnés et
18400 volumes). C'est une Bibliothèque, lieu
populaire de partage et même lieu de lecture
publique par de grands écrivains aux services de tous;
les membres de la librairie s'appellent les Potassons.
Eric Satie leur écrira leur hymne “La marche de
Cocagne”.

- Jean Schlumberger (Intervention de Gérard)
“Qui était cette Adrienne Monnier dont parlaient tous
mes amis? Qu’était, dans ce Paris où je rentrais en
janvier 1919, enfin démobilisé , cette boutique de la
rue de l’Odéon qui semblait devenue le refuge de la
vie littéraire? Je n’étais pas sans méfiance le jour où
Gide me proposa le l’y accompagner, et certes, je ne
me doutais pas qu’au cours des années, l’amitié m’y
ramènerait et souvent.”

C'est une désertière.
Son attachement aux Déserts vient de sa mère
Philiberte, née elle-même de père inconnu, et dont la
mère, Françoise Sollier était fille d'Andréanne
Chapperon. A partir de là, Sylvain Jacob, en
remontant à huit générations - plus de deux sièclesa
mis en évidence des parentés avec les familles
Chapperon, Rey dit Bessoz, Bal dit Craquin, Gay dit
Guerraz, Dumas dit Galu, Regairaz, Perrrin, Mugnier,
Pernet de Saint-François de Sales, que de
patronymes que l'on trouve encore.
Remarquez : Une désertière se marie avec un
Jurassien employé des postes et mettra au monde
deux filles Adrienne et Marie (brodeuse). Son père,
employé des postes aura un accident de travail dans
un train postal et sera indemnisé à hauteur de 10
000 francs, somme qu'il donnera à sa fille pour
qu'elle puisse acheter sa librairie. Rêve qu'elle avait
depuis son enfance. C'est sans aucun doute ce
mélange de montagnarde et de parisienne qui fait sa
spécificité. Elle était attirante, respectée, intelligente
et sincère. Toujours du côté de ceux qui souffrent elle
est résistante antinazi. Elle sait dans les difficultés
fait preuve de courage.
Adrienne a su se former (étude supérieure,
institutrice) s'affirmer dans ses convictions, s'imposer,
aller jusqu'au bout de ses envies; par trois fois
amoureuses (de jeunes filles) (Suzanne Bonnière,
Sylvia Beach, Gisèle Freund), elle a su braver les
interdits de son époque. Elle a écrit des poèmes,
traduit et publié “Ulysse” de James Joyce. Pour elle
les barrières n'existaient pas; la liberté était toujours
plus forte. Quelle époque.

Allie Baker (Intervention de Hugo)
L'apparence de Sylvia cachait sa vraie nature; elle
était petite, mince, soignée et boutonnée de bas en
haut. Elle ne ressemblait pas à une révélatrice de
talent de la littérature moderne à la recherche de
nouvelles idées. Adrienne, de son côté, était connue
comme bonne vivante, terre à terre, une femme
plantureuse qui aimait cuisiner, manger et portait de
longues jupes lourdes ou des vêtements de paysan.

Adrienne venait des Déserts. Les Déserts l'ont
façonnée. Elle est restée fidèle à ses origines. Elle
alla découvrir le monde, participer à la pensée
actuelle avec beaucoup d'ouverture d'esprit. Elle revenait en ces lieux un peu retirés consolider ses idées et ses pensées.

- Adrienne Monnier (Intervention de Maryline)
“Nous voilà en ce lieu de montagne qui est notre
séjour de vacances.
C’est un lieu de Savoie; il se nomme Les Déserts;
Françoise Sollier, notre grand-mère maternelle, y est
née.
Nous y allons chaque été depuis l’enfance.
Les Déserts, ce n’est pas seulement un village, c’est
une véritable région qui occupe tout le versant
oriental du massif qui s’étend du sommet du Nivolet
à celui du Revard.”

- Adrienne Monnier (Intervention de Liliane)
“Sur ce plateau dit de La Féclaz, la plupart des
Désertiers viennent avec leurs bêtes passer les trois
mois d’été dans des chalets où ils montent les
ustensiles de cuisine, les outils et quelques
vêtements.
C’est ce plateau qui est une de nos patries, un des
visages de notre âme.”

Elle était bien dans son époque elle nous donne une
jolie leçon. A force de conviction, elle fut reconnue du
monde littéraire et de l'état qui l’a promue au grade
de Chevalier de la Légion d'Honneur.
Diminuée par la maladie, elle mettra fin à ses jours
en 1955.

- René Char
Au revoir Mademoiselle (Intervention de Régine)
“ J’ai eu pour Adrienne Monnier une amitié où sa
personne si avenante et vive, comme un doux nuage
gris teinté de rose, se dessinait à part égale avec une
image féminine du siècle de Louis XIII et de Marie de
Médicis, image que j’ai recherchée et quelquefois
aperçue dans les peintures talentueuses de cette
époque.
Je retrouvais toujours Adrienne Monnier avec plaisir.
Nous allions dîner dans un restaurant proche de son domicile. (...) Au retour, je me plaisais à la regarder marcher, traversant la place de l’Odéon de son pas balancé et lent. Ma mémoire et mon affection ne la verront, certes, jamais morte.”

Horaires

Compte tenu du calendrier 2021, exceptionnellement pour ces vacances de Noël,  les permanences seront assurée les lundi 20 et 27 décembre de 16h30 à 18h30

Horaires d'ouverture de la bibliothèque :

Lun

 

16h15-18h30

Ven

 

16h15-19h

Sam

10h-12h00


Vacances scolaires :

uniquement le vendredi de 16h30 à 19h

Jours fériés :  fermé

ATTENTION ! Nous sommes tenus de vou demander votre passe sanitaire pour vous accueillir à la bibliothèque,et ce,  A CHACUNE DE VOS  VISITES.
Le service bibliodrive est toujours possible pour ceux qui ne peuvent le présenter.

Photos